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Adaptation des Pratiques Culturales au Changement Climatique

La coopérative était présente à Clermont-Ferrand au colloque de restitution du projet AP3C (Adaptation des Pratiques Culturales au Changement Climatique).

Le projet mené par le Service Interdépartemental pour l’Animation du Massif Central (SIDAM) et en partenariat avec la région Nouvelle-Aquitaine, l’IDELE et les chambres d’agricultures du Massif, s’est déroulé en deux grandes phases :

  • La première consistait à recueillir et analyser des données climatiques très fines à l’échelle du Massif afin de réaliser des projections à 2050 propres au territoire.
  • La seconde phase a consisté à étudier les pistes d’adaptations au changement climatique à l’échelle du Massif.

Le projet s’est construit autour de trois expertises, climatique, agronomique et systémique pour appréhender au mieux un phénomène susceptible d’impacter pas moins de 125 000 agriculteurs exerçant sur le territoire.

Ainsi, d’ici 2050, et sans surprises, on prévoit :

• Une augmentation de la température moyenne (+0.40°C / 10 ans)
• Une augmentation du nombre de jour où la température est supérieure à 25°C
• Une augmentation de la variabilité des températures (donc un maintien des risques de gel tardif)
• Un maintien du cumul des pluies avec une répartition différente (moins d’eau au printemps et plus d’eau à l’automne)
• Une augmentation de l’évapotranspiration des plantes
• Une augmentation des évènements climatiques exceptionnels

Le bilan hydrique s’en trouvera fortement dégradé (de 100 à 250mm / an), et les réserves utiles du sol pourraient être asséchées dès le printemps, et le phénomène de stress hydrique pourrait intervenir jusqu’à 3 semaines plus tôt qu’actuellement.
En ce qui concerne les prairies, le changement climatique devrait permettre un allongement des périodes de pâturage, mais devrait également avancer et réduire les séquences de récoltes favorables, surtout pour le foin. Les voies de récolte humides semblent faire partie des pistes permettant de s’adapter à ces changements. Sur le maïs, la chaleur et les précipitations pourraient être favorables à cette culture (à condition qu’elle soit semée suffisamment tôt), les gels tardifs feront néanmoins planer une certaine incertitude quant à la réussite de cette dernière. En ce qui concerne les céréales, le risque d’échaudage et le risque de stress hydrique devraient s’accroître en même temps que le risque de gel tardif, le tout affectant directement le remplissage des grains.
Sur les cultures, un des moyens pour faire face aux aléas annoncés serait de diversifier les variétés et les précocités des espèces semées, de manière à contourner les évènements climatiques non désirables.

Le projet a également permis de mettre en évidence la diversité des impacts attendus à l’échelle du Massif. En effet, les impacts du changement climatiques sur les productions diffèrent selon le type de sol et l’altitude à laquelle on se trouve. Ainsi, si dans certains sols profonds la réserve facilement utilisable du sol s’assèchera plus tôt, elle sera reconstituée à l’automne, alors que dans certains sols du même type, le remplissage de la réserve en eau ne s’effectuera plus dans l’hiver et pourrait mettre en péril le potentiel de production de ces zones. Les sols superficiels apparaissent encore plus fragiles à ces impacts attendus. Dans tous les cas, les écoulements d’eau (fraction des pluies qui n’est pas absorbée par le sol et qui ruisselle vers les cours d’eau), se feront plus rares.

Les analyses fines menées par poste météo ont également mis en évidence la nécessité de réfléchir à petite échelle à des solutions de gestion de l’eau. En effet, l’étude des facteurs climatiques montre que les écoulements, même s’ils étaient entièrement stockés, ne permettent pas dans certaines petites régions de couvrir les besoins des cultures en place (du fait d’une évapotranspiration trop importante). Dans d’autres secteurs, le stockage de l’eau apparaît comme un levier d’adaptation possible à condition de limiter les surfaces des retenues pour éviter l’évaporation (qui peut représenter jusqu’à 40% du volume stocké).

Une table ronde a clôturé la journée de restitution et a permis d’aborder la question de l’amortissement des investissements liés au stockage de l’eau ou encore la question de l’abreuvement des animaux au pâturage qui représente une consommation importante et qui pourrait devenir problématique en raison de la réduction des écoulements disponibles. Enfin le sujet de l’arbre en agriculture a été abordé, à la fois levier de réduction des émissions de gaz à effet de serre et levier d’adaptation (fourniture d’ombres ou de biomasse, limitation de l’évapotranspiration), il apparaît aux intervenant comme une des meilleures armes pour faire face au changement climatique.

Carte de localisation des stations météo ayant servi à la collecte des données climatiques

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