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Compte-Rendu du Webinaire « Fourrages 2.0 » de l’AFPF

UNICOR a participé en mars dernier, au webinaire organisé par l’Association Francophone pour les prairies et les fourrages (AFPF) dont le thème était « Fourrages 2.0 ». Des démonstrations d’objets connectés appliqués aux fourrages, à la conduite des prairies et à la surveillance des animaux ont été présentées. Cette association regroupe plusieurs objectifs : partage et valorisation des connaissances entre les différents acteurs des prairies et fourrages, diffusion de l’information scientifique, participation à des projets de recherche multi-partenariaux et production de synthèses techniques.

Les objets connectés sont en pleine expansion : en 2021, chaque personne possède en moyenne sept objets connectés. A l’échelle de l’agriculture, plusieurs systèmes connectés existent déjà : téléguidage, télédétection, détection des chaleurs et des vêlages, robots de traite, d’alimentation, de nettoyage (la vache laitière est l’animal le plus connecté). Concernant les fourrages, les offres sont beaucoup moins complètes car il y a une diversité de productions et de systèmes qui compliquent le développement des technologies :

  • L’éloignement par rapport aux bâtiments d’élevage, quid de la connectivité (réseau téléphonique qui ne couvre pas la totalité du territoire, le vol,) ?
  • Le retour sur investissement qui est perçu comme difficile à considérer par les agriculteurs
  • Comment récupérer les données pour les animaux qui ne rentrent pas en bâtiment d’élevage tous les jours (estives, …) ?

Ces objets connectés peuvent accompagner les éleveurs dans 4 grands domaines :

1- L’estimation de la quantité et qualité de la biomasse : la télédétection permet d’automatiser les mesures de quantité de biomasse mais elle reste peu précise et sensible aux aléas climatiques (nuage, etc…). L’analyse multi spectrale permet de prédire la qualité de la biomasse grâce à la matière sèche du fourrage et l’estimation de la date de récolte. Exemples des technologies qui existent déjà :
• AgriNIR : estimation rapide de la composition de la prairie mais le processus n’est pas encore automatisé (outil de laboratoire portatif)
• HarvestLab : cartographie de la qualité du fourrage récolté à partir des capteurs présents sur l’ensileuse (John Deere).

2- L’évaluation du comportement des animaux : l’accéléromètre, aujourd’hui utilisé pour détecter les chaleurs, peut mesurer le temps d’ingestion au pâturage des vaches. Malgré la précision intéressante de cet outil, comment valoriser cette donnée au quotidien pour gérer les prairies ?

3- La simplification de l’astreinte des éleveurs : La géolocalisation des troupeaux dans les grands espaces permet à l’éleveur de gagner en temps et en flexibilité de surveillance. Mais l’autonomie énergétique de ces outils reste limitée (GPS énergivore) et sont peu polyvalents. D’autres applications sont en réflexion comme l’automatisation des cahiers de pâturage (évite à l’éleveur de noter sur quelle parcelle il a mis ses animaux tel jour). Les clôtures virtuelles permettent d’alerter les animaux dès qu’ils dépassent la limite et de les ramener dans leur zone (signaux sonores et électriques). Cela permet un réel gain de temps mais quelle application pour le pâturage tournant ?

D’autres outils plus simples, tout aussi utiles dans le quotidien des éleveurs, se développent mais créent moins de données : surveillance de la tension dans les clôtures, niveau de remplissage des abreuvoirs, température des fourrages conservés, …

4- La réponse aux demandes sociétales : Les colliers GPS permettraient de détecter le temps passé au pâturage par les vaches laitières et remplaceraient le temps technicien lors des audits nécessaires au contrôle terrain. Cet outil de traçabilité permettrait aussi de justifier le temps passé au pâturage par les vaches, donnée nécessaire à certains cahiers des charges comme « le lait de pâturage ».

Pour conclure, le vrai enjeu auquel il faut répondre est comment constituer un outil d’aide à la décision qui intègre toutes ces données et les restitue de manière utile à l’éleveur dans une seule application. Des débuts prometteurs sont perçus avec l’application HappyGrass mais certaines saisies sont encore manuelles. Comment les automatiser ?

Des offres émergent pour tous les systèmes (élevages intensifs et extensifs), mais les outils sont peu performants. Le principal enjeu est la remontée automatique des données, l’interopérabilité des outils, l’ergonomie, la connectivité et le partage des informations (groupe d’éleveurs, associés de l’exploitation, …). Il est nécessaire de construire des technologies adaptées aux besoins du terrain.

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