Actualité

Portrait #32

 Florent VERNHET, Responsable des productions végétales chez UNICOR

Florent VERNHET, Responsable des productions végétales chez UNICOR

Bonjour Florent, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Bonjour, j’ai trois métiers :

1. Je suis responsable des productions végétales c’est-à-dire que j’ai en charge la collecte puis la commercialisation des productions végétales (blé, orge, maïs, colza, tournesol, soja…) produites par nos adhérents et achetées par UNICOR. Dans le cadre de cette mission, je détermine les prix d’achat des productions végétales en fonction des cours quotidiens. A partir de ces cotations les technico-commerciaux achètent chez les adhérents les productions qui seront stockées dans l’un de nos 8 silos. Le plus gros client est SOLEVIAL pour la productions d’aliments composés mais nous vendons les céréales fourragères en priorité directement aux éleveurs. Les céréales destinées à l’alimentation humaine sont vendues à des meuniers et les oléagineux à des triturateurs pour la production de bio-carburants principalement. 

Je recherche des marchés et oriente les productions selon les cours ainsi que les caractéristiques agronomiques et logistiques de la zone. 

2. Je suis responsable de l’activité « Aliments Simples » (aliments non transformés revendus tels quels, comme les tourteaux, les céréales ou les luzernes déshydratées).

3. Je coordonné l’activité multiplication de semences pour UNICOR. Cette activité consiste en multiplier des semences de base (semences mères) pour obtenir des semences commerciales qui seront vendues pour la production de céréales de consommation. Cette activité est principalement située sur le Tarn-et-Garonne et le Tarn mais elle se développe sur l’Aveyron. Je suis l’interlocuteur de LIDEA sur ce sujet (semencier dont UNICOR est actionnaire).

Silo de Graulhet                                                                                                                                                         Silo de Caussade

Quel est votre parcours ?

J’ai d’abord obtenu un Bac D’ au lycée La Roque. J’ai poursuivi mes études à l’école d’ingénieur de Purpan avec spécialité « Environnement et gestion de l’espace rural ».

Ensuite j’ai effectué mon service militaire puis, de 1996 à 1999, j’ai intégré la coopérative APO (Alliance Porci d’Oc) spécialisée dans la filière porcine. J’avais pour mission le conseil en bâtiment et le montage de dossiers pour l’acceptation environnementale des projets d’élevage. Grâce à ce poste j’ai tissé des relations avec les installateurs de matériels dont la SAUMAG, ancienne filiale de matériel d’élevage d’UNICOR qui a été fondue dans la société Manhaval-Fabre lors de son rachat. Le directeur de l’époque est parti, je lui ai succédé de 1999 à 2003.

En 2003, M. Faliez le directeur d’UNICOR de l’époque, cherchait à monter un service environnement, je lui ai proposé mes services et il les a acceptés. Je suis resté à ce poste de 2003 à 2016 tout en le faisant évoluer.

Mes premières missions consistaient à accompagner la mise aux normes des exploitations puis en 2005 des opportunités sur les énergies renouvelables commençaient à apparaitre. J’ai donc proposé une évolution vers un service d’accompagnement au projet d’énergies renouvelables. Le premier d’entre eux fut un projet d’éoliennes collectives sur le Larzac porté par Jean-Louis Vidal, ancien administrateur de la coop. Puis le photovoltaïque est arrivé avec tous les doutes qui l’entouraient. Les porteurs de projets, banquiers, comptables, etc… avaient besoin de se rassurer sur ces nouvelles technologies. J’ai alors proposé un service innovant aux adhérents : la coopérative étudie la faisabilité économique du projet, sélectionne des installateurs sérieux et monte tous les dossiers administratifs pour le raccordement et la mise en service des installations. Ainsi, de 2006 à 2016, 500 installations de photovoltaïque ont vu le jour à travers ce service. Ce service a compté jusqu’à cinq personnes. 

En parallèle, à partir de 2011, pour être plus en phase avec les problématiques de Développement Durable, M. Bioulac, directeur d’UNICOR à ce moment là, m’a proposé de  coordonner les initiatives de Développement Durable de la coopérative. Ainsi, j’ai notamment participé à la rédaction du cahier des charges du concept des Halles de l’Aveyron dans l’idée de le multiplier plus tard.

En 2016, Stéphane Luminet, ancien responsable des productions végétales UNICOR, a quitté l’entreprise. On m’a proposé son poste, qui m’impressionnait au départ du fait de la connaissance des marchés à terme qu’il nécessitait, que j’ai finalement accepté. Je me suis d’abord occupé que de la collecte de céréales puis de la multiplication des semences et enfin depuis 2020/2021 des aliments simples.

Pour conclure sur mon parcours, on peut dire que j’ai un parcours atypique mais avec un fil rouge : rendre compatible la nécessaire prise en compte de la préservation de l’environnement et la rentabilité économique de nos systèmes agricoles. 

Dans votre métier, comment agissez-vous pour concilier environnement et performance économique ? 

J’essaye de trouver des solutions utiles et simples à mettre en œuvre comme par exemple :

– Limiter au maximum le nombre de kilomètres par camion en livrant les céréales en circuit court.

– Tester de nouvelles cultures adaptées au terroir et aux demandes du marché par rapport au changement climatique. Exemple: test de soja sur le Lévézou.

– Coordonner la filière de production de pain aveyronnais Régalou : circuit court avec des blés locaux de qualité sans aditifs et produits avec peu d’intrants.

Comment appréhendez-vous les fluctuations actuelles sur les cours des matières premières ?

Notre génération n’a jamais connu un tel contexte géopolitique qui peut faire varier les cours de céréales jusqu’à 25€/tonne dans la même journée. Un autre facteur externe, et pas des moindre, s’ajoute à ce contexte : il s’agit bien attendu du climat. Beaucoup d’agriculteurs sont désemparés, mais la coopérative n’a pas la main sur la politique internationale ni sur le climat. Au quotidien, j’essaie de tamponner au maximum les fluctuations pour faire en sorte que l’adhérent les subissent le moins possible. 

Par exemple, un agriculteur peut choisir de vendre des céréales quand les cours proposés permettent de couvrir les charges de son exploitation sans attendre forcément de subir des prix imposés au moment de la récolte. 

Autre exemple, nous développons les achats de maïs humide pour diminuer les frais de séchage et donc les coûts énergétiques aux céréaliers. Ce maïs humide est alors revendu en l’état à des éleveurs de porcs à des prix plus avantageux qu’un maïs sec. 

Ce sont ce genre d’initiatives, sur lesquelles nous avons la main, que nous essayons de développer. 

Pouvez-vous nous parler du Régalou ? 

Il s’agit d’une filière née en 1998. Les agriculteurs du Lévézou confrontés aux quotas laitiers ont cherché une diversification en production végétale rémunératrice.

En parallèle, les boulangeries artisanales cherchaient à se démarquer face au développement de la boulangerie industrielle. Ainsi, la Chambre d’Agriculture  de l’Aveyron a réuni les éleveurs qui avaient besoin de valoriser leurs hectares et les boulangers qui voulaient se démarquer avec une production locale à connotation environnementale. C’est ainsi qu’est né le Régalou. UNICOR en a été dès le départ le partenaire en stockant et en allotant le blé, en réalisant le suivi des cultures et en coordonnant les relations entre tous les partenaires. Il s’agit de l’interprofession farine, blé, pain du Lévézou.

Le Régalou est un pain sans additif au levain naturel, produit avec très peu d’intrants et stocké dans le silo UNICOR de Réquista sans insecticide de stockage.  Les deux meuniers (un à Salmiech et un à Moyrazes) produisent ensuite la farine qu’ils revendent aux boulangers partenaires. Ce genre de démarche donne plus de sens à nos métiers. 

Un petit mot pour conclure peut-être ? 

Pour conclure, UNICOR est l’entreprise idéale pour qui veut évoluer professionnellement soit dans une direction précise soit dans de nombreux métiers diversifiés pour peu qu’on ait de la curiosité et de l’envie. 

Nous remercions chaleureusement Florent pour son accueil et le temps accordé, et nous lui souhaitons une très belle continuation !

Suivez-nous