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Retour sur la journée des Sols du 10/12

Nous nous sommes rendus à la journée Sols organisée par la chambre d’Agriculture du Tarn le 10 décembre.

Le matin, c’est Sarah Singla, ingénieure agronome et agricultrice qui a présenté l’agriculture de conservation des sols (ACS), alors que l’après-midi était consacrée au visionnage du film « bienvenue les vers de terre » puis au témoignages d’agriculteurs pratiquant l’ACS.
Ce système de culture permet de lutter contre l’érosion des sols (hydrique et éolienne), qui est la première cause de perte de fertilité des sols dans le monde. Pour mettre en place ce système, il faut s’appuyer sur trois éléments : la couverture permanente des sols, la rotation de culture et la perturbation minimale des sols.

L’agriculture de conservation des sols est souvent associée au semis direct ou aux TCS (techniques culturales simplifiées = travail du sol uniquement en surface), néanmoins, ces techniques de travail du sol ne doivent pas être dissociées des couverts et de la prise en compte de la rotation si l’on veut réussir sa transition. En effet, les TCS peuvent être à l’origine de la création d’une semelle moins profonde qu’une semelle de labour, bloquant ainsi le développement des racines. Elles peuvent également amener l’agriculteur à passer plus de temps sur le tracteur, et peuvent s’avérer plus coûteuses qu’en système avec labour.
Quelle que soit la raison poussant un agriculteur à s’intéresser à l’agriculture de conservation, un diagnostic fin de l’exploitation doit être réalisé. En effet, ce système de culture ne résoudra pas à lui seul un problème de PH, ou un problème de compaction des sols (à ce sujet, il est recommandé de ne pas dépasser 4T/essieu, pour limiter la compaction, et d’optimiser la pression des pneus, voir outil « terranimo »). De plus, la transition est plus facile sur un sol déjà riche en matière organique, même si l’ACS permet d’améliorer la teneur en matières organiques (MO) surtout dans les premiers centimètres, ce qui permet d’améliorer la capacité de stockage de l’eau du sol (2% de MO permettent de retenir 20kg d’eau, quand 4% permettent d’en retenir 80 !). On peut retenir cette citation de la présentation : « ne mettez pas le semoir avant le couvert »

En pratique, l’implantation de couverts en interculture est à la base de l’agriculture de conservation. La plante est en effet au début de la chaîne trophique du sol qui, grâce à la photosynthèse, produit du sucre, qui nourrit les bactéries, qui elles, nourrissent d’autres microorganismes, qui eux-mêmes nourrissent les vers de terres etc… Les plantes vivantes permettent donc de « nourrir » le sol et de le garder vivant. De plus, ils permettent de garder un sol frais en été (jusqu’à 25°C de moins en surface qu’un sol nu), ce qui implique également un réchauffement plus long en sortie d’hiver (retard des dates de semis).
Il existe différents types de couverts :
Le couvert d’été qui est semé après la récolte des cultures d’hiver et qui prend place jusqu’au semis d’automne. Il se compose idéalement d’au moins 5-6 espèces pour assurer une production de biomasse suffisante.
Ce dernier peut être semé à la volée dans la culture si les 5 conditions suivantes sont réunies :

  • S’assurer qu’il n’y a pas de rémanence d’herbicides
  • S’assurer que la structure du sol en surface est grumeleuse
  • Réaliser le semis avant une pluie de 10mm
  • Augmenter la densité de semis du couvert (+20-30%)
  • S’assurer qu’il y ait suffisamment de lumière pour permettre la levée

Plus le semis du couvert est précoce, plus les espèces semées doivent être rasantes pour éviter la concurrence.

Le semis peut également être réalisé juste après la moisson (dans les 4 jours), pour profiter de l’humidité qui remonte par capillarité. Dans ce cas, le semoir doit être prêt avant la moisson pour être réactif, et la répartition des menues-pailles sur la parcelle doit être homogène.
Le couvert relai est semé après la récolte des cultures d’hiver et prend place jusqu’au semis de sortie d’hiver (pois de printemps…). Il se compose d’un couvert d’été additionné d’une céréale d’hiver qui permettra d’assurer la biomasse en relai des espèces du couvert d’été.
Le couvert d’hiver est semé après la récolte des cultures d’hiver et prend place jusqu’au semis de printemps (maïs, soja…). Sa composition varie en fonction de la culture suivante. Ainsi si cette dernière est une légumineuse on optera pour un couvert composé principalement de graminées (80%), alors que si la culture suivante n’est pas une légumineuse, on optera pour un couvert composé principalement de légumineuses (80%). Ce couvert est le plus facile à réussir !
Il existe aussi des couverts permanents ou des couverts en culture associées, ces deux types de couverts nécessitent une grande maîtrise technique et ce ne sont pas les plus faciles à réussir. Quant à la prairie, c’est un couvert à part entière !

Le couvert peut également faire l’objet d’une fertilisation s’il en a besoin, pour assurer une production de biomasse suffisante. En ce qui concerne la destruction des couverts, si le rouleau Faca contribue à réduire l’utilisation d’herbicide, il ne permet pas de détruire complètement les couverts. De la même manière, le gel peut fragiliser un couvert et le rendre plus facile à détruire, mais lorsque le froid détruit le couvert, il opère souvent trop tôt dans la saison et ne permet pas de tirer pleinement partie de l’implantation de ce dernier. Ainsi, en agriculture de conservation, sans travail du sol, il est aujourd’hui impossible de détruire un couvert sans chimie.

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