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Portrait #20

Bertrand COSTES, père de famille et sélectionneur de Limousines à la Linière (12)

Bonjour Bertrand, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? Quel est votre parcours ?

Bonjour.  J’ai un parcours assez atypique. J’ai obtenu un bac Scientifique à la Roque. Par la suite, j’ai fait un DUT Génie Biologique Agronomie à Aurillac. Suite au DUT, j’ai travaillé à UNICOR pendant 4 ans. J’ai commencé au magasin agricole de Rodez, ensuite au Point-Vert de Decazeville. J’ai fait quelques temps sur le terrain en temps que technico-commercial sur le secteur de Réquista et Valence d’Albi, mais ça ne me plaisait pas. Donc je suis allé travailler au Point-Vert de Montbazens.

Mais j’avais d’autres projets en tête. Je suis parti sur Paris, où j’ai travaillé pendant 2 ans en temps de garçon de café, afin d’économiser pour partir en Australie. Je souhaitais découvrir d’autres méthodes d’élevage. Je suis parti 6 mois en Australie, où j’ai travaillé dans plusieurs fermes. J’ai découvert un type d’élevage qui ne répond pas à ma conception de l’élevage avec le bien-être animal. L’élevage australien est de l’élevage ultra extensif motivé uniquement par la rentabilité. Cette expérience m’a permis de comprendre que je voulais retourner en France pour reprendre l’exploitation familiale.

Pourquoi avez-vous choisi de reprendre l’exploitation familiale ?

Je suis revenu en France en 2013, et il m’a fallu 3 ans de démarches administratives pour que je puisse m’installer. J’ai rencontré beaucoup de difficultés administratives, ça a été le parcours du combattant. Je tiens à insister sur ce point, notamment pour les jeunes qui veulent s’installer. Il ne faut rien lâcher et il faut bien s’entourer. Il y a des personnes malveillantes partout !

Il faut savoir que quand j’ai voulu reprendre l’exploitation, cela a été une surprise pour tout le monde car ce n’était pas dans les plans. Il y avait beaucoup d’investissements à réaliser, tant en matériel qu’en bâtiment. Je voulais reprendre la ferme, car j’étais convaincu qu’il y avait du potentiel. Quand j’ai repris l’exploitation, il y avait 51 hectares pour 28 vaches. A l’époque l’exploitation n’était pas viable. Mais j’ai persévéré car j’étais et je suis toujours convaincu du potentiel. La viabilité se concrétise de jour en jour.

Aujourd’hui, je travaille seul sur 74 hectares et avec 84 vaches suitées, 34 génisses conservées par an et 4 taureaux. Je travaille beaucoup le renouvellement pour l’aspect génétique et la productivité numérique. J’ai un taux de renouvellement entre 25 et 30%. L’objectif est d’avoir 84 couples par an.

Pouvez-vous nous parler de votre exploitation ?

Je suis la 8ème génération sur l’exploitation. Mes grands-parents élevaient des veaux de lait, des cochons, des volailles, des lapins… Mon père a repris l’exploitation en 1986 suite à son licenciement de l’usine de Decazeville. Mon père a vendu le troupeau pour acheter des limousines et s’est lancé dans la sélection génétique. Ainsi l’exploitation travaille la génétique depuis une quarantaine d’années. Le cheptel a été inscrit en 1990. Je suis arrivé sur l’exploitation en 2016. J’ai commencé par la création d’un bâtiment et l’augmentation de foncier. J’avais le projet à l’installation de développer une structure qui puisse permettre de générer 2 salaires, soit en passant par l’embauche ou en proposant une association. Il y a du travail pour 2, même si aujourd’hui, je travaille encore seul.

Aujourd’hui, je travaille principalement en insémination artificielle même si je tends à lever le pied. En étant seul sur l’exploitation et papa de 2 enfants, il est assez compliqué de surveiller les chaleurs de chaque vache pour l’insémination. Mon père travaillait 100% en insémination artificielle, ce qui a permis d’améliorer la génétique du troupeau.

Je fais du broutard sur la partie du mâle, et de la reproduction pour les meilleurs. Ensuite, sur l’ensemble des femelles, certaines partent en broutards, d’autres sont vendues mais je conserve la majorité. Toutes les réformes sont vendues en Blason Prestige. Ce qui me permet de réformer avant 10 ans en ayant un taux de renouvellement important.

Je suis un éleveur dans l’âme, je travaille la docilité et la proximité avec mes animaux. J’ai toujours aimé la race limousine, qui se marie bien dans l’environnement du Ségala.

Selon vous, quelles sont les qualités nécessaires pour faire votre travail ?

Passionné. C’est avant tout la passion qui nous permet de travailler dans cet environnement. Ensuite, je dirais qu’il faut aimer les chiffres et être bon gestionnaire. Il faut être aussi patient et intègre. Je pense que la vénalité et la fierté peuvent abimer beaucoup d’exploitations. Aujourd’hui, le secteur agricole et ses systèmes sont motivés par la fierté des structures mais je pense qu’il faut savoir ménager l’exploitation pour avoir une vision à long terme. Il faut se battre pour que demain la profession n’impose pas à l’éleveur d’être célibataire. Pour moi la dimension la plus importante est d’être un bon père de famille avant d’être riche et célibataire.

Quelles sont vos relations avec UNICOR ?

Je travaille à 100% avec Unicor. Je suis dans une relation donnant-donnant. Je travaille en étroite collaboration avec Stéphane MAZENC, mon technico-commercial qui a de très bonnes valeurs humaines et un profil technico. Je suis client du Point-Vert de St Cyprien.

Je travaille avec l’OP Bovin, notamment avec Jacques DALMON et Florine POUGET. Ils me prennent les broutards et les Blason Prestige.

L’état d’esprit de la coopérative me convient, je tiens à travailler à 100% avec UNICOR, dans une relation de confiance. J’ai donc aussi le droit de parole et je me sens capable de pouvoir le dire par rapport à ma situation. Je pense que plus on s’implique plus on peut faire bouger les choses. L’accompagnement d’UNICOR est important et sécurisant pour moi.

Avez-vous des projets pour l’avenir ?

Toujours tributaire du foncier, l’objectif premier est de s’agrandir afin de pouvoir embaucher et partager le gâteau. Ma motivation n’est pas de gagner de l’argent mais de vivre d’un métier passion. C’est le seul métier dans lequel je suis professionnellement épanoui.

Je tiens à insister sur les difficultés du parcours d’installation. Je pense que les jeunes doivent faire attention à éviter des pièges, notamment en comptabilité. Il ne faut pas oublier qu’on paie les factures avec les vaches et non avec le matériel.

Nous remercions Bertrand de nous avoir accueilli et nous lui souhaitons de la réussite dans ses projets !

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